“Habit bleu et gilet jaune” p 151
HABIT. Tout affect suscité ou entretenu par le vêtement que le sujet a porté lors de la rencontre amoureuse, ou porte dans l'intention de séduire l'objet aimé.
2. Socrate: “ Je me suis donc paré afin d'être beau pour aller auprès d'un garçon beau.” Je dois ressembler à qui j'aime.
Je postule (et c'est cela qui me fait jouir) une conformité d'essence entre l'autre et moi. Image, imitation: je fais le plus de choses possibles comme l'autre. Je veux être l'autre, je veux qu'il soit moi, comme si nous étions unis, enfermés dans le même sac de peau, le vêtement n'étant que l'enveloppe lisse de cette matière coalescente dont est fait mon imaginaire amoureux.
3. Werther: “Il m'en a fort coûté de me résoudre enfin à ne plus mettre le très simple habit bleu que je portais quand je dansais avec Lotte pour la première fois; mais il avait fini par être tout passé. Je m'en suis d'ailleurs fait faire un absolument semblable...” C'est dans ce vêtement (habit bleu et gilet jaune) que Werther veut être enterré et qu'on le trouve en train de mourrir dans sa chambre.
Chaque fois qu'il met ce vêtement (dans lequel il mourra), Werther se travestit. En quoi? En amoureux ravi: il récrée magiquement l'épisode du ravissement, ce moment où il s'est trouvé sidéré par l'Image. Ce vêtement bleu l'enferme si fort, que le monde alentour s'abolit: rien que nous deux: par lui, Werther se forme un corps d'enfant, où phallus et mère sont joints, sans rien au-delà. Ce costume pervers a été porté dans toute l'Europe par les fans du roman, sous le nom de “costume à la Werther”.
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